Aujourd'hui, ce samedi 22/09/07, Sa Majesté Nabelnine Ier est revenu en personne à la Cour Impériale de Justice, dissoute et vidée de ses juges, évacués par la police, depuis le coup d'état impérial abrogeant la constitution. Il a ensuite expliqué à la presse sa conception de la constitution, modèle dont, semble-t-il, la commission constitutionnelle nommée par le souverain devra s'inspirer pour rédiger un nouveau texte conforme à ses voeux et vues.
Voici donc, dans son intégralité, le discours impérial d'ouverture des séances des travaux de la commission constitutionnelle :
Belondaures,
Lorsque, dans ma proclamation du 33 Maxenine, je vous exprimai loyalement quelles étaient, à mon sens, les conditions vitales du Pouvoir au Belondor, je n'avais pas la prétention, si commune de nos jours, de substituer une théorie personnelle à l'expérience des siècles. J'ai cherché, au contraire, quels étaient dans le passé les exemples les meilleurs à suivre, quels hommes les avaient donnés, et quel bien en était résulté. Dès lors, j'ai cru logique de préférer les préceptes du génie aux doctrines spécieuses d'hommes à idées abstraites. J'ai pris comme modèles les institutions politiques du début de notre ère qui, dans des circonstances analogues, ont raffermi la société ébranlée par tant de conquêtes militaires et élevée le Belondor à un haut degré de prospérité et de grandeur.
J'ai pris comme modèle les institutions qui, au lieu de disparaître au premier souffle des agitations populaires, n'ont été renversées que par un ennemi tellement puissant qu'il conquit la Centralie presque entière.
En un mot, je me suis dit : Puisque le Belondor jusqu'à il y a peut ne fonctionnait qu'en vertu de ses principes, puisque depuis deux mille sept-cent dix ans notre Etat ne marche depuis cinquante ans qu'en vertu de l'organisation administrative, militaire, judiciaire, religieuse, financière, des institutions voulues par Maxenine le Grande, pourquoi n'adopterions-nous pas aussi les institutions politiques de cette époque ? Créées par la même pensée, elles doivent porter en elles le même caractère de nationalité et d'utilité pratique.
C'est le sens de la lettre de mission que j'ai confiée au Président de la commission institutionnelle, le Consul des Affaires Extérieures, Sieur Erasmus Nerym. Le but est de rétablir ce qui a fait la réussite depuis la nuit des temps de l'Empire du Belondor, sa grandeur, son honneur, sa sagesse et sa gloire.
Telles sont les idées, tels sont les principes dont je me suis juré à faire l'application. Puisse cette Constitution donner à notre patrie des jours calmes et prospères. Puisse-t-elle prévenir le retour de ces luttes intestines où la victoire, quelque légitime qu'elle soit, est toujours chèrement achetée ; et nous préserver des menaces extérieures que la haine des uns et l'ambition des autres nous laissent présager. Puisse la tacite approbation que vous avez donnée à mes efforts être bénie du ciel. Alors la paix sera assurée au-dedans et au-dehors, mes voeux seront comblés, ma mission sera accomplie.
Vive l'Empire ! Vive le Belondor !
Notre correspondant du Belondor commente également ceci :
Les journalistes qui applaudirent furent surtout ceux du "Monde Impérial", l'organe de propagande de l'état dictatorial, dépendant de la sécurité, ceux des journaux ultra-réactionnaires et conservateurs, tels "Le Monarque Rayonnant", "L'empire" ou "Le Patriote", et ceux de la télévision publique, vendue à l'état et chapeautée par l'armée.
En revanche, la duchesse d'Ecosient, rédactrice en chef de l'"Impertinent" avait écouté le pensum impérial en silence, se contentant de prendre des notes, et secouant la tête de temps à autre, d'un air désapprobateur. Ses confrères, du Micromonde, appartenant tous à "Médias Sans chaînes" se tenaient à ses côtés, un peu plus à l'écart des autres. L'information du coup d'état et de la censure de l'intervention de la duchesse à la télévision publique belondaure, avait été relayée à l'AFP de l'organisme. Les journalistes du micromonde, membres de Médias Sans Chaînes, se demandaient avec inquiétude, ce qu'allait devenir un Belondor, dont le souverain, censé veiller sur la constitution, avait pu la violer de la sorte pour satisfaire sa soif de pouvoir absolu...Ils ne comprenaient pas pourquoi la constitution, qui permettait un état stable, fort, avec des institutions équilibrées, et qui permettait à l'empereur de pouvoir demander les pleins pouvoirs si nécessaire, avait décidé de faire un coup d'état...Ils n'applaudirent pas non plus, à la fin du discours impérial, et sortirent en silence, avec la duchesse, hors de la salle...